La colére a une temporalité particulière qui ne va pas avec l’accélération générale et l’hyperactivité. Cette dernière ne tolère aucune distance temporelle. Le futur se raccourcit pour devenir un présent prolongé. Il lui manque toute négativité qui autoriserait le regard sur autrui. La colère, en revanche, remets tout le présent complètement en question. Elle présuppose une pause interruptive dans le présent. En cela, elle se différencie de l’irritation. L’éparpillement général caractéristique de la société d’aujourd’hui ne permet pas à l’emphase et à l’énergie de la colère de s’affirmer. La colère, c’est une capacité qui permet d’interrompre une situation et de faire débuter une autre situation. Aujourd’hui, elle s’efface de plus en plus au profit de la contrariété ou de l’énervement que ne peuvent pas générer de changement radical. [… La colère] saisit et bouleverse tout notre Dasein. […] Elle ne se rapport pas à un seul objet. Elle nie le Tout. C’est ainsi qu’existe son énergie de négativité. Elle représente une situation exceptionnelle. La positivité croissante du monde prive ce dernier de situations exceptionnelles. (p. 78-9)
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